Le langage articulé est une des caractéristiques de l’homme comme le mouvement. Il est présent afin de permettre à l’homme d’exprimer sa pensée et de communiquer, afin de pouvoir dire toute la complexité de la vie même, des actes humains.
L’enfant va s’approprier quelque chose d’extrêmement élaboré, le développement du langage oral et le développement de l’écriture, en peu de temps.
Maria Montessori décrit l’enfant comme étant né, avec le potentiel de développer le langage en tant que caractéristique humaine.
Le travail de l’esprit absorbant en lien avec la période sensible du langage permet à l’enfant de construire cette caractéristique qui se traduit à travers la langue ou les langues de son environnement.
L’enfant qui construit ce mécanisme du langage dans le plus profond de l’inconscient, peut parler parfaitement autant de langues qu’on en parle dans son milieu, et les fixer de façon permanente.
Maria Montessori
Le Langage à la Maison des Enfants est partout, il n’y a pas un début et une fin du langage.
L’enfant va être mis en contact avec différentes formes de langage à travers toute l’ambiance (géographie, musique, mathématiques…). Il va pouvoir les explorer et se les approprier afin de les mettre au service de sa propre expression.
Il est présent tout le temps, même si nous retrouvons une aire dédiée à cette activité dans l’ambiance.
L’étagère présente à la Maison des Enfants est bien l’étagère du langage et non de la langue française. Son rôle est d’aider l’enfant dans la construction de l’acquisition de cette caractéristique humaine qu’est le langage.
Nous aidons l’enfant à élargir sa représentation du monde grâce à l’enrichissement du vocabulaire. Pour cela, nous utiliserons les images classifiées, les histoires racontées mais aussi les lectures à haute voix , d’histoires, de poèmes, de comptines ainsi que tous les jeux qui amènent à cet exercice. La discussion avec l’enfant est aussi très importante dans l’enrichissement de son vocabulaire. Elle nous permet de reformuler son discours lorsque celui-ci ne nous paraît pas cohérent. Nous reformulons les phrases de l’enfant sans jamais lui montrer qu’il a fait une erreur et sans jamais la reprendre mot pour mot.
La période sensible du langage travaille simultanément avec les autres périodes sensibles : de l’ordre, du raffinement sensoriel, du développement du mouvement et du développement social. C’est un système dynamique l’une renvoie à l’autre.
La période sensible du langage va aider l’enfant dans l’acquisition et le développement de l’expression du langage. A travers son esprit absorbant, l’enfant assimile toutes les langues parlées dans son environnement.
Il s’agit de la période sensible la plus longue.
Ensuite l’enfant perd cette faculté, il lui faudra produire un effort conscient pour apprendre de nouvelles langues.
La période sensible du langage en lien avec la période sensible du développement social
Le langage permet à l’être humain d’entrer en relation avec l’autre. Le langage est lié à l’humanité et fait partie de la culture.
Concrètement le langage est une convention, un accord passé entre les membres d’un même groupe afin de se mettre d’accord sur la signification des sons. Pour entrer en relation avec l’autre, l’être humain doit accepter ce codage. Néanmoins, cette convention relie et sépare par la même occasion les groupes humains. Chacun ayant sa façon de nommer les choses.
Le langage est donc l’expression d’un accord passé entre les hommes d’un même groupe et, seul, le groupe où l’on s’est mis d’accord sur ces sons est capable de les comprendre. D’autres se sont mis d’accord sur d’autres sons pour exprimer la même idée. Etabli d’abord pour être un lien, le langage est ainsi devenu une espèce de muraille qui enferme une communauté d’hommes et la sépare des autres communautés.
Maria Montessori
La période sensible du langage en lien avec la période sensible de l’ordre, du raffinement sensoriel et du développement du mouvement
Le langage structuré que nous allons offrir au petit enfant dès sa naissance lui permet d’ordonner son monde. Il va l’aider à construire sa pensée et sa compréhension du monde. Ce qui sera construit intérieurement de façon ordonnée pourra par la suite s’exprimer extérieurement de façon tout aussi ordonnée.
Dans notre approche du langage à la Maison des Enfants, nous allons accompagner l’enfant en lui donnant accès à des degrés successifs d’ordre. Pour cela, nous allons partir du connu, le langage parlé, pour aller vers quelque chose de nouveau.
Tout reposera sur le langage oral que l’on va continuer à développer de la façon suivante :
- Aider l’enfant à prendre conscience que tous ces mots qu’il connaît bien, sont constitués de sons, qu’il va pouvoir analyser. Ceci grâce à un jeu appelé jeu d’analyse des sons que vous pouvez aussi faire à la maison. « Mon petit oeil voit un objet au début de son nom, on entend le son … Qu’est – ce que vois mon petit oeil? »
- Apporter la représentation graphique donner à ces sons avec l’introduction des lettres rugueuses.
- Débuter l’écriture à l’aide de l’alphabet mobile. L’écriture va générer la lecture.
- Aider l’enfant à prendre conscience que les mots peuvent être classés dans la structure d’une phrase.
L’ensemble de ce travail se fait à travers l’exploration sensori-motrice. Le matériel de langage est de nature sensoriel.
Les premiers écrits de l’enfant doivent être reçu comme quelque chose de précieux comme un trésor et ils doivent être reçu par l’éducateur avec enthousiasme et toute la joie qu’ils méritent. La joie de quelqu’un qui aime.
Maria Montessori
Afin de ne pas tuer la joie et l’intérêt de l’enfant à ce moment là, nous ne devons pas corriger les fautes d’orthographe faites par celui-ci.
A ce moment du développement de l’enfant toute erreur d’orthographe n’est pas importante, corriger les erreurs tuerait la joie et l’attente.
Maria Montessori
Une préparation physique pour l’écriture par le travail de la main
- Préhension de l’instrument de l’écriture par différentes activités de la vie pratique comme par exemple visser et dévisser des boulons, mais aussi avec le matériel sensoriel avec le toucher, le tracé de la forme.
« L’œil s’habitue ainsi à voir et à reconnaître les formes que la main est en train de toucher. »
Maria Montessori
La préparation intellectuelle s’articule autour de deux points, la conscience phonologique et le sens de l’écriture lié à la culture du pays (de gauche à droite et de haut en bas).
En ce qui concerne la conscience phonologique, l’enfant prend conscience que les mots sont formés de sons et qu’à chaque son correspond un signe. Cette prise de conscience phonologique va guider à la fois l’écriture et la lecture. Elle se fixe grâce au jeu d’analyse des sons.
Les exercices de vie pratique (laver la table, brosser un tapis…) ainsi que la disposition du matériel (de gauche à droite et de haut en bas) lors des activités vont fixer dans l’esprit de l’enfant le sens de l’écriture.
A travers les exercices de vie pratique qui amènent l’enfant à développer sa capacité de concentration. Il en résultera par la suite le développement de la volonté, de la confiance en soi et de l’estime de soi. La confiance en soi est importante pour que l’enfant se sente légitime à s’exprimer quelque soit la voie d’expression qu’il aura choisie.
Le développement du langage va également contribuer au développement de la capacité d’indépendance. Maria Montessori considère la capacité qu’aura l’enfant de remobiliser le vocabulaire à bon escient comme un acte d’indépendance.
Pour que l’enfant s’exprime, l’adulte apprend à écouter l’enfant. Il met à la disposition de l’enfant le meilleur de lui même et le meilleur de son langage.
La préparation directe aux gestes de l’écriture
La préparation directe aux gestes de l’écriture se fait essentiellement par le biais de 3 activités : les formes à dessins, les lettres rugueuses et le premier alphabet mobile.
Dans la pédagogie Montessori nous suivons toujours le principe de développer une capacité à la fois, chaque exercice est indépendant dans la difficulté qu’il développe, mais chacun amène au même résultat final qui est l’explosion de l’écriture.
« L’écriture contient un amoncellement de difficultés qui peuvent être isolées les unes des autres, et être surmontées les unes et les autres, non seulement par des exercices différents, mais aussi aux différentes époques de la vie. Les exercices relatifs à chaque facteur doivent pourtant être indépendant de l’écriture. En effet, si l’écriture est une résultante de facteurs variés, ces facteurs ne sont plus l’écriture quand ils sont séparés. »
Maria Montessori, Pédagogie scientifique Tome 1